Education populaire : pour quoi faire ?

Les démarches d’éducation populaire visent deux types d’objectifs, en liant toujours les dimensions individuelle, collective et politique.

1er objectif : « S’autoriser à »

Ici, il s’agit de gagner en audace, en créativité, en capacité à penser par soi-même ; de se questionner sur l’état des choses tel qu’il est ; de comprendre qu’il n’est pas immuable ; de s’autoriser à, de se sentir habilité à, de se sentir capable de, de ne pas s’autocensurer ni s’autolimiter à la place qui nous est assignée par les rapports sociaux, le genre, la culture d’origine ; de favoriser une éducation de toutes et tous par toutes et tous, une valorisation des savoirs de chacun.

La première étape de l’émancipation, c’est de prendre conscience des rapports de domination subis, que ceux-ci soient structurels (principalement le racisme, le patriarcat, le capitalisme, l’hétéronormativité) ou propres à chaque groupe (par exemple l’ancienneté, le savoir…). Il s’agit de « tuer les flics qu’on a dans la tête », pour reprendre une formule d’Augusto Boal (l’ini­tiateur du Théâtre de l’opprimé) et de se libérer des dominations que nous avons intériorisées.

Rien à voir, donc, avec le « développement personnel » dont débordent les rayonnages des librairies et, qui, lui, propose des méthodes pour être heureux malgré les rapports de dominations subis.

Savoir que l’aliénation existe ne suffit pas. Les fumeurs et les fumeuses savent que « fumer nuit gravement à la santé ». Les femmes savent que les portes des écoles d’ingénieurs ne leur sont pas formellement fermées. Mais seule une prise de conscience, provoquée par une affectation particulière peut entraîner l’émancipation d’une aliénation.

Par ailleurs, le stigmate peut entraîner une appropriation et une justification de ce qui peut paraître infamant : « On dit ça de moi ? Je vais finir par le penser de moi-même, et l’assumer et même vouloir être ainsi. »

 

2e objectif : souhaiter une amélioration de la société

Le second objectif de l’éducation populaire, c’est de provoquer l’envie – irrésistible, si possible – d’améliorer la société.

Dans ce cadre, il va s’agir d’aller d’un pouvoir intérieur vers un pouvoir de, puis à un pouvoir sur. Il faut libérer son imaginaire, oser l’utopie (un horizon peut-être inatteignable, mais qui structure l’action) et se donner des objectifs atteignables en termes d’action (car ce qui peut enlever du pouvoir d’agir, c’est de s’attaquer à quelque chose de trop grand pour nous, sur lequel on n’a pas de prise).

Il faut s’efforcer d’accroître la conscience d’appartenir à une société, et d’avoir une responsabilité politique au sein de cette société. Il s’agit de pratiquer la démocratie et l’autogestion.

Pour augmenter ce qu’on appelle la puissance d’agir, il faut se mettre dans une dynamique où l’on va produire l’histoire, et pas seulement la subir. D’où l’idée de ne pas s’arrêter à un pouvoir de, mais de viser justement un pouvoir sur, qui donnera le sentiment que oui, on peut transformer la société.


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