« Elle s’appelait Françoise
Mais on l’appelait Framboise
Une idée de l’adjudant
Qui en avait très peu, pourtant, des idées
Elle nous servait à boire
Dans un bled du Maine-et-Loire
Mais ce n’était pas Madelon
Elle avait un autre nom
Et puis d’abord, pas question
De lui prendre le menton
D’ailleurs, elle était d’Antibes
Quelle avanie
Avanie et Framboise
Sont les mamelles du destin
Pour sûr qu’elle était d’Antibes
C’est plus près que les Caraïbes
C’est plus près que Caracas
Est-ce plus loin que Pézenas ? Je ne sais pas
Et tout en étant Française
L’était tout de même Antibaise
Et, bien qu’elle soit Française,
Et malgré ses yeux de braise
Ça ne me mettait pas à l’aise
De la savoir Antibaise
Moi qui serais plutôt pour
Quelle avanie
Avanie et Framboise
Sont les mamelles du destin
Elle avait peu d’avantages
Pour en avoir davantage
Elle s’en fit rajouter
A l’institut de beauté, ah ah ah
On peut, dans le Maine-et-Loire,
S’offrir de beaux seins en poire
Y a un institut d’Angers
Qui opère sans danger
Des plus jeunes aux plus âgés
On peut presque tout changer
Excepté ce qu’on ne peut pas
Quelle avanie
Avanie et Framboise
Sont les mamelles du Destin
Davantage d’avantages
Avantagent davantage
Lui dis-je, quand elle revint
Avec ses seins angevins, deux fois dix
Permets donc que je lutine
Cette poitrine angevine
Mais elle m’a échappé
A pris du champ dans le pré
Et je n’ai pas couru après
Je ne voulais pas attraper
Une Angevine de poitrine
Moralité :
Avanie et mamelles
Sont les framboises du destin »
Boby Lapointe
Framboise
-81-
« Moi je n’étais rien, et voilà qu’aujourd’hui
Je suis le gardien du sommeil de ses nuits
Je l’aime à mourir
Vous pouvez détruire tout ce qu’il vous plaira
Elle n’a qu’à ouvrir l’espace de ses bras
Pour tout reconstruire, pour tout reconstruire
Je l’aime à mourir
Elle a gommé les chiffres des horloges du quartier
Elle a fait de ma vie des cocottes en papier
Des éclats de rire
Elle a bâti des ponts entre nous et le ciel
Et nous les traversons à chaque fois qu’elle
Ne veut pas dormir, ne veut pas dormir
Je l’aime à mourir
Elle a dû faire toutes les guerres, pour être si forte aujourd’hui
Elle a dû faire toutes les guerres, de la vie
Et l’amour aussi
Elle vit de son mieux son rêve d’opaline
Elle danse au milieu des forêts qu’elle dessine
Je l’aime à mourir
Elle porte des rubans qu’elle laisse s’envoler
Elle me chante souvent que j’ai tort d’essayer
De les retenir, de les retenir
Je l’aime à mourir
Pour monter dans sa grotte cachée sous les toits
Je dois clouer des notes à mes sabots de bois
Je l’aime à mourir
Je dois juste m’asseoir, je ne dois pas parler
Je ne dois rien vouloir, je dois juste essayer
De lui appartenir; de lui appartenir
Je l’aime à mourir
Elle a dû faire toutes les guerres, pour être si forte aujourd’hui
Elle a dû faire toutes les guerres, de la vie
Et l’amour aussi »
Francis Cabrel
Je l’aime à mourir
-82-
« On se fout du tiers comme du quart
Le monde se fout du monde car
Si l’on s’arrête cinq minutes
On voit sous la cocotte minute
Le feu a fond d’train la pression
La fin tenant à un bouton
Sur le fil de la dissuasion
Encore une belle idée béton
On fait pousser des champignons
Dans les caves de l’oncle Dom Tom
Gentils, gentils les autochtones
Vous reprendrez bien un bout d’atome ?
Où va-t-on papa
Je n’sais pas mais on y va
De qui descendons-nous maman
Pour être aussi condescendants
Où va-t-on papa
Je n’sais pas mais on y va
Comme dit mon tonton
Plus on est de cons
Plus ça s’voit
Qu’un petit crime se commette
Là-bas à l’ombre d’une comète
Parce qu’une bande de vénusiens
Dans un bal en sont venus au main
Et aussi sec notre petite planète
Est au jus au courant du fait
Par la lorgnette des caméras
Prêtes à mater tous les coups bas
Tandis qu’en bas de chez toi
De chez vous, de chez moi
Quelqu’un tout seul de faim, de froid
Est mort en se bouffant les doigts
Où va-t-on papa
Je n’sais pas mais on y va
De qui descendons-nous maman
Pour être aussi condescendants
Où va-t-on papa
Je n’sais pas mais on y va
Comme dit mon tonton
Plus on est de cons
Plus ça s’voit
Des têtes à claques portant calotte
Clament à bas la capote
Pisse-froid béotiens du sexe
Qui mettent l´IVG à l´index
Eux qui de la vie ne connaissent
Qu´les balivernes des livres de messe
Un doigt de lacrima-christi
Un autre dans l´opus dei
Et si l´amour peut rendre aveugle
Il rend sourds ces fous qui beuglent
Ces onanistes consacrés
D’eux aussi il faut s´protéger
Où va-t-on papa
Je n’sais pas mais on y va
De qui descendons-nous maman
Pour être aussi condescendants
Où va-t-on papa
Je n’sais pas mais on y va
Comme dit mon tonton
Plus on est de cons
Plus ça s’voit »
La Tordue
Où va-t-on
[Photo : New Orleans]
-83-
« Pâle ou vermeille, brune ou blonde,
Bébé mignon,
Dans les larmes ça vient au monde,
Chair à guignon.
Ébouriffé, suçant son pouce,
Jamais lavé,
Comme un vrai champignon, ça pousse
Chair à pavé.
A quinze ans, ça rentre à l’usine,
Sans éventail,
Du matin au soir, ça turbine,
Chair à travail.
Fleur des fortifs, ça s’étiole,
Quand c’est girond,
Dans un guet-apens, ça se viole,
Chair à patrons.
Jusque dans la moelle pourrie,
Rien sous la dent,
Alors, ça rentre en brasserie,
Chair à clients.
Ça tombe encore : de chute en chute,
Honteuse, un soir,
Pour deux francs, ça fait la culbute,
Chair à trottoir.
Ça vieillit, et plus bas ça glisse.
Un beau matin,
Ça va s’inscrire à la police,
Chair à roussins ;
Ou bien, sans carte ça travaille
Dans sa maison ;
Alors, ça se fout sur la paille,
Chair à prison.
D’un mal lent souffrant le supplice,
Vieux et tremblant,
Ça va geindre dans un hospice,
Chair à savants.
Enfin, ayant vidé la coupe,
Bu tout le fiel,
Quand c’est crevé, ça se découpe.
Chair à scalpel.
Patrons ! Tas d’Héliogabales,
D’effroi saisis
Quand vous tomberez sous nos balles,
Chair à fusils,
Pour que chaque chien sur vos trognes
Pisse, à l’écart
Nous les laisserons vos charognes,
Chair à Macquart ! »
Jules Jouy – Michèle Bernard
Fille à patron
[Photo : Marseille]
-84-
« Y a ceux qui font la chose
En regardant l’plafond
Ou en comptant les mouches
Qui sont su’l’guéridon
Y a ceux qui font la chose
En pensant à l’argent
Et ceux qui n’pensent à rien
Parce que c’est fatiguant
Y a ceux qui font la chose
En s’demandant pourquoi
Et ceux qui font la chose
Comme s’ils étaient en bois
Ceux qui pendant la chose
Se mettent à bégayer
Et qui s’étonnent après
D’avoir des quintuplés
Y a ceux qui font la chose
En chantant une chanson
En battant la mesure
En tapant du talon
Y a ceux qui font la chose
Toujours un peu distants
Parce que c’est l’seul moyen
Pour avoir des enfants
Ceux qui pendant la chose
Poussent des cris violents
Pour que les voisins croient
Qu’ils passent en bon moment
Y a ceux qui font la chose
Sans passion ni désir
Parce que c’est le seul truc
Qui fasse vraiment maigrir
Y a ceux qui font la chose
Pour battre des records
Tous ceux dont les appas
Ne sont qu’un livre d’or
Y a ceux qui font la chose
Avec des accessoires
Qu’ont besoin d’une trompette
Ou bien d’une balançoire
Ceux qui lorsque la chose
Est déjà terminée
Se demandent si la chose
Va bientôt commencer
Y a ceux qui font la chose
Pas pour les sensations
Une seule fois dans l’année
Pour les allocations
Ils ont l’œil triste le cou tendu
Les ratés de la bagatelle
Ils font la chose en pardessus
Les ratés du fruit défendu
Car tous ceux à qui
La chose ne fait rien
N’aiment pas ceux à qui
La chose fait du bien »
Patachou
La chose
-85-
« C’est la java bleue,
La java la plus belle,
Celle qui ensorcelle
Et que l’on danse les yeux dans les yeux,
Au rythme joyeux,
Quand les corps se confondent.
Comme elle au monde
Il n’y en a pas deux,
C’est la java bleue
Il est au bal musette
Un air rempli de douceur
Qui fait tourner les têtes,
Qui fait chavirer les coeurs.
Tandis qu’on glisse à petits pas,
Serrant celui (celle) qu’on aime dans ses bras,
Tout bas l’on dit dans un frisson,
En écoutant jouer l’accordéon.
C’est la java bleue,
La java la plus belle,
Celle qui ensorcelle
Et que l’on danse les yeux dans les yeux,
Au rythme joyeux,
Quand les corps se confondent.
Comme elle au monde
Il n’y en a pas deux,
C’est la java bleue
« Chéri(e), sous mon étreinte
Je veux te serrer plus fort,
Pour mieux garder l’empreinte
Et la chaleur de ton corps »
Que de promesses, que de serments,
On se fait dans la folie d’un moment,
Mais ces serments remplis d’amour,
On sait qu’on ne les tiendra pas toujours.
C’est la java bleue,
La java la plus belle,
Celle qui ensorcelle
Et que l’on danse les yeux dans les yeux,
Au rythme joyeux,
Quand les corps se confondent.
Comme elle au monde
Il n’y en a pas deux,
C’est la java bleue »
La java bleue
[Photo : guinguette entre Sète et Montpellier]
-86-
« Sur c’te butte là, y avait pas d’gigolette,
Pas de marlous, ni de beaux muscalins.
Ah, c’était loin du moulin d’la galette,
Et de Paname, qu’est le roi des pat’lins.
C’qu’elle en a bu, du beau sang, cette terre,
Sang d’ouvrier et sang de paysan,
Car les bandits, qui sont cause des guerres,
N’en meurent jamais, on n’tue qu’les innocents.
La Butte Rouge, c’est son nom , l’baptème s’fit un matin
Où tous ceux qui grimpèrent, roulèrent dans le ravin
Aujourd’hui y a des vignes, il y pousse du raisin
Qui boira d’ce vin là, boira l’sang des copains
Sur c’te butte là, on n’y f’sait pas la noce,
Comme à Montmartre, où l’champagne coule à flôts.
Mais les pauv’ gars qu’avaient laissé des gosses,
I f’saient entendre de pénibles sanglots.
C’qu’elle en a bu, des larmes, cette terre,
Larmes d’ouvrier et larmes de paysan,
Car les bandits, qui sont cause des guerres,
Ne pleurent jamais, car ce sont des tyrans.
La Butte Rouge, c’est son nom , l’baptème s’fit un matin
Où tous ceux qui grimpèrent, roulèrent dans le ravin
Aujourd’hui y a des vignes, il y pousse du raisin
Qui boit de ce vin là, boira les larmes des copains
Sur c’te butte là, on y r’fait des vendanges,
On y entend des cris et des chansons.
Filles et gars, doucement, y échangent,
Des mots d’amour, qui donnent le frisson.
Peuvent-ils songer dans leurs folles étreintes,
Qu’à cet endroit où s’échangent leurs baisers,
J’ai entendu, la nuit, monter des plaintes,
Et j’y ai vu des gars au crâne brisé.
La Butte Rouge, c’est son nom , l’baptème s’fit un matin
Où tous ceux qui grimpèrent, roulèrent dans le ravin
Aujourd’hui y a des vignes, il y pousse du raisin
Mais moi j’y vois des croix, portant l’nom des copains. »
Montéhus (paroles)
Georges Krier (musique)
[Photo : Montmartre]
Une chanson anti-guerre qui fait référence à la butte Bapaume dans la Marne, lieu de sanglants combats pendant la Première guerre mondiale.
-87-
« Afin de nous ôter nos complexes ogué ogué
On nous donne des cours sur le sexe ogué ogué
On apprend la vie secrète
Des angoissés d’la bébête
Ou d’ceux qui trouvent dégourdi
D’ montrer leur bigoudi
Une institutrice très sympathique
Nous en explique toute la mécanique
Elle dit nous allons planter l’décor ogué ogué
De l’appareil masculin d’abord ogué ogué
Elle s’approche du tableau noir
On va p’têt’ enfin savoir
Quel est ce monstre sacré qui a donc tant de pouvoir
Et sans hésiter elle nous dessine
Le p’tit chose et les deux orphelines
REF : Tout tout tout , vous saurez tout sur le zizi
Le vrai le faux le laid le beau
Le dur le mou qui a un grand cou
Le gros touffu le p’tit joufflu
Le grand ridé le mont pelé
Tout tout tout tout
J’vous dirai tout sur le zizi
Des zizis y en a d’toutes les couleurs ogué ogué
Des boulangers jusqu’aux ramoneurs ogué ogué
J’en ai vu des impulsifs
Qui grimpaient dans les calcifs
J’en ai vu de moins voraces
Tomber dans les godasses
Çui d’un mécanicien en détresse
Qui a jamais pu réunir ses pièces
Y a le zizi tout propre du blanchisseur ogué ogué
Celui qui amidonne la main de ma sœur ogué ogué
J’ai vu le zizi d’un curé
Avec son p’tit chapeau violet
Qui juste en pleine ascension
Fait la génuflexion
Un lever d’zizi au crépuscule
Et celui du Pape qui fait des bulles
Le zizi musclé chez le routier ogué ogué
Se r’connaît à son gros col roulé ogué ogué
J’ai vu l’zizi affolant
D’un trapéziste ambulant
Qui apprenait la barre fixe à ses petits-enfants
L’alpiniste et son beau pic à glace
Magnifique au d’ssus des Grandes Jorasses
J’ai vu l’ grand zizi d’un p’tit bedeau ogué ogué
Qui sonne l’angélus les mains dans le dos ogué ogué
Celui d’un marin breton
Qui avait perdu ses pompons
Et celui d’un juif cossu
Qui mesurait le tissu
Celui d’un infirmier d’ambulance
Qui clignotait dans les cas d’urgence
J’ai vu l’p’tit zizi des aristos ogué ogué
Qui est toujours au bord de l’embargo ogué ogué
J’ai roulé d’la pâtisserie
Avec celui d’mon mari
Avec celui d’un chinois
J’ai même cassé des noix
Avec un zizi aux mœurs incertaines
J’ai même fait des ris d’veau à l’ancienne »
Pierre Perret
Le zizi
-88-
« Nous on fait l’amour et puis la guérilla
L’amour entre nous c’est l’amour avec joie
Mais pour faire l’amour il n’y a pas d’endroit
Partout y’a des hommes et partout on se bat
On prendra les usines, on prendra les jardins
On cueillera des fleurs avec nos petites mains
Et sur nos poitrines on aura du jasmin
Et on dansera en mangeant du raisin
On prendra les zoos, on ouvrira les cages
Vive les oiseaux et fini le ménage
On se balancera au cou des girafes
L’amour entre nous, aux hommes la guérilla
On prendra le soleil, on le mettra dans le train
On aura des casquettes de mécanicien
On ira en Chine dans le transsibérien
Et puis on s’en fout, tout ce qu’on fait est bien ! »
Version féministe de La guérilla de Serge Gainsbourg (1965)
[Photo : Die]
-89-
« Dans la rue des bons enfants
On vend tout au plus offrant.
Y’avait un commissariat
Et maintenant il n’est plus là.
Une explosion fantastique
N’en a pas laissé une brique.
On crut qu’c’était Fantômas
Mais c’était la lutte des classes.
Un poulet zélé vint vite
Y porter une marmite
Qu’était à renversement
Et la retourne, imprudemment.
L’brigadier et l’commissaire
Mêlés aux poulets vulgaires,
Partent en fragments épars
Qu’on ramasse sur un buvard.
Contrair’ment à c’qu’on croyait
Y’en avait qui en avaient.
L’étonnement est profond
On peut les voir jusqu’au plafond.
Voilà bien ce qu’il fallait
Pour faire la guerre au palais
Sache que ta meilleure amie
Prolétaire, c’est la chimie.
Les socialos n’ont rien fait
Pour abréger les forfaits
D’l’infamie capitaliste
Mais heureusement vint l’anarchiste.
Il n’a pas de préjugés
Les curés seront mangés.
Plus d’patrie, plus d’colonies
Et tout pouvoir, il le nie.
Encore quelques beaux efforts
Et disons qu’on se fait fort
De régler radicalement
L’problème social en suspens.
Dans la rue des bons enfants
Viande à vendre au plus offrant.
L’avenir radieux prend place
Et le vieux monde est à la casse ! »
Chanson anarchiste datant des années soixante, attribuée, sur 33 tours RCA en 1974 à Raymond Callemin dit Raymond-la-Science (de la bande à Bonnot) mais, en réalité, de Guy Debord, pour les paroles, et de Marc Lemonnier, pour la musique
[Photo : Paris XXè]
-90-
« Ma brû m’a conduit par la manche
Jusqu’au p’tit banc qu’est sous l’tilleul.
Y vont s’ promener, dame, c’est dimanche!
Je reste là, je suis…l’aïeul.
Je suis né… Bah !… Y a si longtemps
Que ça m’ fatigue de faire la somme
De mes hivers ou d’ mes printemps
Enfin quoi, j’ suis un vieux bonhomme.
Mes prunelles sont d’venues toutes grises.
Depuis que’ques mois, j’ peux plus rien voir,
Mais j’ devine le temps ! J’ai des crises,
J’ suis tout rouillé quand va pleuvoir
Mais aujourd’hui, j’ sens qu’y fait clair
Et j’entends qu’ c’est plein d’oiseaux, dans l’air
Et qu’ dans les branches, c’est plein d’abeilles !
Pas de danger qu’une me pique !
Elles savent que j’leur veux pas du mal
Et qu’jaime écouter leur musique.
J’entends des filles qui vont au bal;
Elles vont, comme ça, par cinq ou six
Et l’ soleil leur fait des diadèmes.
C’était pareil, dans l’ temps jadis,
Seulement, les filles, c’est plus les mêmes.
On veut pas croire, dans sa jeunesse,
Qu’un beau jour, faudra céder l’ pas
On croit que ça dur’ra sans cesse
Ou, mieux encore, on n’y pense pas.
On s’ marie, on a des bambins,
On en est fier, on désespère
De les voir grandir, ces bambins
Et puis, un jour, va t’ faire lanlaire
Voilà qu’ la fille prend du corsage
Et qu’ le fils part pour l’ régiment.
On s’ dit « j’ suis dans la force de l’âge »
On se l’ redit, jusqu’au moment
Où on s’ trouve seul, deuil après deuil.
Et la grand’ route qu’on a suivie,
On la r’voit toute, en un clin d’œil.
Que c’est long, que c’est bref, la vie.
Ma brû m’a conduit par la manche
Jusqu’au p’tit banc qu’est sous l’ tilleul.
Y vont s’ promener, dame, c’est dimanche!
Je reste là, je suis…l’aïeul. »
Jean-Roger Caussimon
L’aïeul
[Photo : Sète]
-91-
« Tu veux ou tu veux pas
Tu veux c’est bien
Si tu veux pas tant pis
Si tu veux pas
J’en f’rai pas une maladie
Oui mais voilà réponds-moi
Non ou bien oui
C’est comme ci ou comme ça
Ou tu veux ou tu veux pas
Tu veux ou tu veux pas
Toi tu dis noir et après tu dis blanc
C’est noir c’est noir
Oui mais si c’est blanc c’est blanc
C’est noir ou blanc
Mais ce n’est pas noir et blanc
C’est comme ci ou comme ça
Ou tu veux ou tu veux pas
La vie, oui c’est une gymnastique
Et c’est comme la musique
Y a du mauvais et du bon
La vie, pour moi elle est magnifique
Pourquoi tu te la compliques
Par tes hésitations
La vie, elle peut être très douce
A condition que tu la pousses
Dans la bonne direction
La vie, elle est là elle nous appelle
Avec toi elle sera belle
Si tu viens à la maison
Tu veux ou tu veux pas ? Hein !
Quoi ? Ah ! Tu dis oui
Ah ! A a a a a a a
Et ben moi j’veux plus !
Ouh ! La la »
Brigitte Bardot – Wilson Simonal
Tu veux ou tu veux pas – Nem vem que não tem
[Photo : quartier du chemin vert vu du parc de la Bergère, 93]
-92-
« Les chansons de salle de garde
Ont toujours été de mon goût,
Et je suis bien malheureux, car de
Nos jours on n’en crée plus beaucoup.
Pour ajouter au patrimoine
Folklorique des carabins x2
J’en ai fait une, putain de moine,
Plaise à Dieu qu’elle plaise aux copains x2
Ancienne enfant d’Marie-salope
Mélanie, la bonne au curé,
Dedans ses trompes de Fallope,
S’introduit des cierges sacrés.
Des cierges de cire d’abeille
Plus onéreux, mais bien meilleurs x2
Dame ! la qualité se paye
A Saint-Sulpice, comme ailleurs x2
Quand son bon maître lui dit : « Est-ce
Trop vous demander Mélanie,
De n’user, par délicatesse,
Que de cierges non encore bénis ? »
Du tac au tac, elle réplique
Moi, je préfère qu’ils le soient x2
Car je suis bonne catholique
Elle a raison, ça va de soi x2
Elle vous emprunte un cierge à Pâques
Vous le rend à la Trinité.
Non, non, non, ne me dites pas que
C’est normal de tant le garder.
Aux obsèques d’un con célèbre,
Sur la bière, ayant aperçu x2
Un merveilleux cierge funèbre,
Elle partit à cheval dessus x2
Son mari, pris dans la tempête
La Paimpolaise était en train
De vouer, c’était pas si bête,
Un cierge au patron des marins.
Ce pieux flambeau qui vacille
Mélanie se l’est octroyé x2
Alors le saint, cet imbécile,
Laissa le marin se noyer x2
Les bons fidèles qui désirent
Garder pour eux, sur le chemin
Des processions, leur bout de cire
Doiv’nt le tenir à quatre mains,
Car quand elle s’en mêl’, sainte vierge,
Elle cause un désastre, un malheur x2
La Saint-Barthélemy des cierges,
C’est le jour de la Chandeleur x2
Souvent quand elle les abandonne,
Les cierges sont périmés;
La saint’ famill’ nous le pardonne
Plus moyen de les rallumer.
Comme ell’ remue, comme elle se cabre,
Comme elle fait des soubresauts x2
En retournant au candélabre,
Ils sont souvent en p’tits morceaux x2
(…) »
Georges Brassens
Mélanie
[Photo : Sète]
-93-
« Madame rêve d’atomiseurs
Et de cylindres si longs
Qu’ils sont les seuls
Qui la remplissent de bonheur
Madame rêve d’artifices
De formes oblongues
Et de totems qui la punissent
Rêve d’archipels
De vagues perpétuelles
Sismiques et sensuelles
D’un amour qui la flingue
D’une fusée qui l’épingle
Au ciel, au ciel
On est loin des amours de loin
On est loin des amours de loin
On est loin
Madame rêve ad libitum
Comme si c’était tout comme
Dans les prières
Qui emprisonnent et vous libèrent
Madame rêve d’apesanteur
Des heures des heures
De voltige à plusieurs
Rêve de fougères
De foudres et de guerres
À faire et à refaire
D’un amour qui la flingue
D’une fusée qui l’épingle
Au ciel, au ciel
On est loin des amours de loin
On est loin des amours de loin
On est loin
Madame rêve, au ciel
Madame rêve, au ciel
Madame rêve »
Alain Bashung – Paroles de Pierre Grillet
Madame rêve
[Photo : chez les V.]
-94-
« Tu me fais tourner la tête
Mon manège à moi c’est toi
Je suis toujours à la fête
Quand tu me tiens dans tes bras
Je ferais le tour du monde
Ça ne tournerait pas plus qu’ça
La terre n’est pas assez ronde
Pour m’étourdir autant qu’toi
Ah c’qu’on est bien tous les deux
Quand on est ensemble nous deux
Quelle vie on a tous les deux
Quand on s’aime comme nous deux
On pourrait changer d’planète
Tant que j’ai mon coeur près du tien
J’entends les flon-flons d’la fête
Et la terre n’y est pour rien
Oh oui parlons-en d’la terre
Pour qui elle se prend la terre
Ma parole y’a qu’elle sur terre
Y’a qu’elle pour faire tant de mystère
Mais pour nous y’a pas d’problèmes
Car c’est pour la vie qu’on s’aime
Et si y’avait pas d’vie même
Nous on s’aimerait quand même
Car…
Tu me fais tourner la tête
Mon manège à moi c’est toi
Je suis toujours à la fête
Quand tu me tiens dans tes bras
Je ferais le tour du monde
Ça ne tournerait pas plus qu’ça
La terre n’est pas assez ronde
Pour m’étourdir autant qu’toi
Lalalalala…
Je ferais le tour du monde
Ça ne tournerait pas plus qu’ça
La terre n’est pas assez ronde
Mon manège à moi c’est toi »
Édith Piaf
Paroles de Jean Constantin
Musique de Norbert Glanzberg
Mon manège à moi
[Photo : København]
-95-
« Mieux vaut n’penser à rien
Que n’pas penser du tout
Rien c’est déjà
Rien c’est déjà beaucoup
On se souvient de rien
Et puisqu’on oublie tout
Rien c’est bien mieux
Rien c’est bien mieux que tout
Mieux vaut n’penser à rien
Que de penser à vous
Ça n’me vaut rien
Ça n’me vaut rien du tout
Comme si de rien
N’était je pense à tous
Ces petits riens
Qui me venaient de vous
Si c’était trois fois rien
Trois fois rien entre nous
Evidemment
Ça ne fait pas beaucoup
Ce sont ces petits riens
Que j’ai mis bout à bout
Ces petits riens
Qui me venaient de vous
Mieux vaut pleurer de rien
Que de rire de tout
Pleurer pour un rien
C’est déjà beaucoup
Mais vous vous n’avez rien
Dans le cœur et j’avoue
Je vous envie
Je vous en veux beaucoup
Ce sont ces petits riens
Qui me venaient de vous
Les voulez-vous ?
Tenez ! Que voulez-vous ?
Moi je ne veux pour rien
Au monde plus rien de vous
Pour être à vous
Faut être à moitié fou »
Serge Gainsbourg
Les petits riens
[Photo : Bains des Pâquis, Genève]
-96-
« Les clans des rues les clandestins
les cris des chiens hurlent à la ronde
j’suis pas inscrit sur la mappemonde
y a pas d’pays pour les vauriens
les poètes et les baladins
y a pas d’pays
si tu le veux
prends le mien
Que Paris est beau
Quand chantent les oiseaux
que Paris est laid
Quand il se croit français
Avec ses sans-papirs
qui vont bientôt r’partir
vers leur pays les chiens
on a tout pris chez eux y a plus rien
De rétention en cale de fond
j’en ai même oublié mon ombre
je promène moi dans vos décombres
on m’a donné un bout de rien
j’en ai fait cent mille chemins
j’en ai fait cent
j’en ai fait un
Un chemin de l’identité
l’iditenté l’idétitan
l’y tant d’idées à la ronde
et dans ce flot d’univériens
j’aurai plus d’nom j’aurai plus rien
Dis moi c’est quand tu reviens
Que Paris est beau
Quand chantent les oiseaux
que Paris est laid
Quand il se croit français
Avec tous ces champs d’tir
et tous ces fous du tir
y visent pas que les lapins
c’est plus du gros sel
c’est des tomawaks
ou des missiles sol-air
ou des skuds
et moi avec mon pistolet à bouchon
je pars au front
Paris sera beau
Quand chanteront les oiseaux
Paris sera beau
Si les oiseaux
Mais non Paris sera beau
Car les oiseaux
Paris sera beau »
Les Têtes Raides
L’iditenté
[Photo : Paris XXè]
-97-
« Je t’écris de la main gauche, celle qui n’a jamais parlé
Elle hésite, est si gauche, que je l’ai toujours cachée
Je la mettais dans ma poche, et là, elle broyait du noir
Elle jouait avec les croches, et s’inventait des histoires
Je t’écris de la main gauche, celle qui n’a jamais compté
Celle qui faisait des fautes, du moins on l’a raconté
Je m’efforçais de la perdre, pour trouver le droit chemin
Une vie sans grand mystère, où l’on se donnera la main
Des mots dans la marge étroite, tout tremblant qui font de dessins
Je me sens si maladroite, et pourtant je me sens bien
Tiens voilà, c’est ma détresse, tiens voilà, c’est ma vérité
Je n’ai jamais eu d’adresse, rien qu’une fausse identité
Je t’écris de la main bête, qui n’a pas le poing serré
Pour la guerre elle n’est pas prête, pour le pouvoir n’est pas douée
Voilà que je la découvre, comme un trésor oublié
Une vie que je recouvre, pour les sentiers égarés
On prend tous la ligne droite, c’est plus court, ho oui, c’est plus court
On ne voit pas qu’elle est étroite, il n’y a plus de place pour l’amour
Je voulais dire que je t’aime, sans espoir et sans regrets
Je voulais dire que je t’aime, t’aime, parce que ça semble vrai »
Danielle Messia
De la main gauche
-98-
« Seul sur le sable les yeux dans l’eau
Mon rêve était trop beau
L’été qui s’achève tu partiras
A cent mille lieues de moi
Comment oublier ton sourire
Et tellement de souvenirs
Nos jeux dans les vagues près du quai
Je n’ai vu le temps passer
L’amour sur la plage désertée
Nos corps brûlés enlacés
Comment t’aimer si tu t’en vas
Dans ton pays loin là-bas
Hélène things you do
Make me crazy about you
Pourquoi tu pars reste ici
J’ai tant besoin d’une amie
Hélène things you do
Make me crazy about you
Pourquoi tu pars si loin de moi
La où le vent te porte
Loin de mon coeur qui bat
Hélène things you do
Make me crazy about you
Pourquoi tu pars reste ici
Reste encore juste une nuit
Seul sur le sable les yeux dans l’eau
Mon rêve était trop beau
L’été qui s’achève tu partiras
A cent mille lieux de moi
Comment t’aimer si tu t’en vas
Dans ton pays loin là-bas
Dans ton pays loin là-bas
Dans ton pays loin de moi »
Roch Voisine
Seul sur le sable
[Photo : Presqu’île guérandaise]
-99-
« Mon père me dit remets donc ton jupon
Ne touche pas à ce ballon ça c’est pour les garçons
Cesse de gémir tu as des occupations
Des fils et des aiguilles des perles et des boutons
Mais moi j’aimerais vraiment pouvoir abandonner mon Moulinex
Devenir unisexe
Pour savoir cracher
Fumer toute la journée
Marcher tout en sifflant
Porter des pantalons
Maintenant je vis je suis comme un garçon
Je porte un gros blouson de cuir, un ceinturon
Mais il ne faut pas m’approcher quand je sors ma Harley
À celui qui m’approche je lui fous une raclée
Mais moi j’aimerais vraiment pouvoir abandonner mon Moulinex
Devenir unisexe
Pour savoir cracher
Fumer toute la journée
Marcher tout en sifflant
Porter des pantalons »
La Femme
Si un jour
[Photo : Marseille]
-100-