Dans son troisième numéro, sorti au printemps 2014, le magazine Lutopik propose tout un dossier sur le thème « Pour une école émancipatrice : pédagogies nouvelles, écoles alternatives, éducation populaire » (à lire ici). Au sein de ce dossier, on trouve une rapide présentation de quatre mouvements pédagogiques mis en œuvre aujourd’hui en France. C’est clair net et précis, ça permet de s’y retrouver quand on ne s’y connaît pas. Et ensuite, pour aller plus loin, il existe moult ouvrages qui présentent ces pédagogies !
Decroly
Médecin et psychologue belge de la fin du 19ème siècle, Ovide Decroly a d’abord travaillé avec des enfants qu’il qualifiait d’«irréguliers» avant d’ouvrir à Bruxelles une école pour enfants dits «normaux». Là, il met en pratique une pédagogie basée sur les centres d’intérêt de chaque enfant, avec une écoute attentive des besoins de chacun. En France, l’unique école Decroly a été créée en 1945 à Saint-Mandé. Publique, elle accueil le 360 élèves de la maternelle au collège, dont des enfants handicapés ou qui ont rencontré des problèmes dans le traditionnel. Projets de groupe, sorties, auto-gestion, l’école développe la responsabilisation des enfants en les rendant acteurs de leurs apprentissages.
Freinet
Instituteur français du début du 20ème siècle, Célestin Freinet, «homme de gauche, communiste et anarchisant, voulait l’émancipation des enfants du peuple», explique Henri Peyronie, enseignant en sciences pédagogiques à l’université de Caen. Sa pédagogie repose sur le «faire pour de vrai». Il met en avant le tâtonnement expérimental, la coopération, la correspondance, la gestion de la classe par les enfants avec de larges temps de parole et des prises de décision collective. «Une classe Freinet, c’est une petite démocratie», résume Catherine Chabrun de l’ICEM, l’institut de promotion de la pédagogie Freinet. Environ 2.000 à 3.000 enseignants sont formés à cette pédagogie, qui a la particularité d’être la seule «pédagogie nouvelle» mise en œuvre dans le public (il n’existe qu’une école privée Freinet en France). Quelques établissements sont entièrement Freinet, mais il s’agit le plus souvent de classes au sein d’écoles traditionnelles. Si cette pédagogie est surtout appliquée en primaire, quelques rares établissements du secondaire la proposent.
Montessori
Femme médecin italienne catholique, Maria Montessori développe au début du 20ème siècle une pédagogie reposant sur l’idée que l’éducation doit être une aide à la vie, et que les apprentissages ne sont qu’une partie de la construction des individus. «Le grand objectif n’est pas d’apprendre à compter ou à lire, même si c’est important, mais de développer l’estime de soi, l’autonomie qui sera plus tard porteuse d’indépendance», explique Isabelle Séchaud, formatrice Montessori. L’enseignant est un accompagnant qui crée un environnement propice pour que l’enfant trouve des activités qui correspondent à son stade de développement. Il y a l’idée de l’auto-éducation, avec toujours, en toile de fond, des groupes d’âge mélangés. En pratique, Maria Montessori a développé tout un matériel pédagogique pour permettre à l’enfant d’être autonome dans ses apprentissages.
La pédagogie Montessori a fait le tour du monde. En France, elle connaît un fort regain d’intérêt ces dernières années, même si elle reste cantonnée aux établissements privés. On compte environ 150 écoles et jardins d’enfants Montessori sur le territoire, et de plus en plus d’enseignants se forment à cette pédagogie. À Gennevilliers, dans une Zone d’éducation prioritaire, une classe de maternelle expérimentale a été ouverte au sein d’une école publique en septembre 2011. Elle fait l’objet de nombreuses recherches, et les promoteurs de la méthode Montessori espèrent que les résultats permettront de diffuser cette pédagogie plus largement.
Steiner-Waldorf
Philosophe autrichien de la fin du 19ème siècle, Rudolf Steiner a fondé l’anthroposophie, un courant de pensée et de spiritualité sur lequel repose la pédagogie Steiner, appliquée dans les écoles Waldorf. L’objectif premier est de «former des individus capables, en eux-mêmes et par eux-mêmes, de donner un sens à leur vie». La pédagogie Steiner insiste sur l’équilibre entre activités intellectuelles, artistiques et pratiques. Les niveaux ne sont pas classés du CP à la terminale, mais de la 1ère à la 11ème classe, avec un professeur qui suit une même classe plusieurs années durant. Dès la primaire, les enfants apprennent deux langues vivantes. En France, on compte 22 établissements qui accueillent 2.500 enfants, du jardin d’enfants au lycée. Toutes ces structures sont privées, parfois sous contrat. Le mouvement a fait l’objet d’accusations de dérive sectaire il y a quelques années, mais il est désormais reconnu par l’Éducation nationale.
Très intéressant
Merci