Récupération et transformation de bonnes idées par le « management »
Beaucoup de bonnes idées ont été récupérées par le « management ». À la base, l’idée de vouloir faire le point ensemble pour mieux travailler ensemble n’est pas mauvaise… Mais aujourd’hui ce sont les processus d’évaluation et de démarche qualité qui sont mis en place. Et ceux qui auraient dû être « ensemble » se retrouvent coincés par ces processus : ayant participé bon gré mal gré aux prises de décisions, ils ne peuvent plus s’y opposer. Or les choses sont le plus souvent tournés pour que les décisions soient au bénéfice d’une augmentation de productivité à court terme pour l’entreprise, et non d’une augmentation du sens et de la coopération entre personnes. Tout est question d’objectifs…
Un outil ne provoque pas du changement
La mise en place de nouvelles méthodes, de nouveaux outils, ne provoque pas en soi du changement. Il faut penser la raison de l’utilisation de cette nouvelle méthode, et toujours privilégier le vécu sur le prévu. Les entreprises qui mettent en place le fait de faire des réunions en position debout, pour gagner en efficacité, feraient bien rire leurs salarié-e-s si le fait de se retrouver ainsi privés de chaise n’était pas si humiliant.
Mais… Il est difficile de changer sans mettre en place de nouveaux outils, car ils permettent de briser les habitudes.
Mettre en place des cadres contraignants : une perte de temps ?
Prendre le temps de faire un tour de table en début de séance, de passer 30 minutes à discuter avant de donner la parole à l’expert-e : tout cela peut être vécu comme une perte de temps. D’autant qu’il n’est pas rare de voir des groupes proposer ces méthodes sans réellement leur donner du sens, juste histoire de faire ça, pour dire qu’on veut faire de l’éducation populaire…
Mais si on va jusqu’au bout de ces méthodes, si on leur donne tout leur sens, alors ce qui se dira pendant ces moment aura un réel impact sur le déroulé de la réunion et sur les participant-e-s, et ce ne sera pas une perte de temps : on aura au contraire pris le temps de poser un cadre collectif qui permettra à chacun-e de trouver sa place et d’amener son point de vue dans la réunion.
Toute relation est faite de manipulation
Dès lors qu’il y a une intéraction entre deux personnes ou plus, s’exerce entre elles un jeu de pouvoir et d’autorité, ainsi qu’une certaine manipulation.
Notre objectif ne doit pas être de supprimer les manipulations, car cela reviendrait à supprimer les intéractions, mais à les détecter pour mieux les canaliser et éviter de les subir inconsciamment. Attentifs ensemble, comme dirait l’autre.
« Le pouvoir est maudit », mais pas tabou
Si nous voulons limiter les jeux de pouvoir entre les individus, encore faut-il ne pas nier qu’il y en a. Et pas qu’un peu. Comme pour la manipulation, il existe des jeux de pouvoir dès lors qu’il y a une intéraction entre des individus.
Tous les pouvoirs, toutes les autorités, ne sont pas forcément illégitimes. Il ne s’agit pas de dire que je dois avoir autant d’autorité qu’un-e chercheur-e émérite en histoire du Moyen-Âge sur ce sujet. Mais le fait que je lui reconnaisse une compétence particulière et avérée ne doit pas lui donner un pouvoir outre-mesure sur moi.
En revanche, il faut apprendre à repérer et combattre les sources illégitimes d’autorité :
- Les facteurs sociétaux de type classe sociale, genre, apparence, âge, etc.
- Les signes ostentatoires d’autorité, qui ont pour but de limiter les oppositions : le képi, la blouse-blanche, le costard-cravate, etc.
Se faire comprendre n’est pas inné
En France, le parcours scolaire ne prévoit pas d’éducation au fait de communiquer. On considère que c’est inné. Il suffirait d’ouvrir la bouche pour dire ce qu’on a à dire, ce qui est une chose, et pour se faire comprendre, ce qui est encore autre chose.
Seules les personnes qui se forment en « management » apprennent à communiquer… Pas fous.
Dans le cadre d’une éducation populaire qui vise l’émancipation de tou-te-s, je suis persuadée qu’il est extrêmement important de diffuser une éducation au fait de communiquer. Pour comprendre les mécanismes en jeu, et pour ne pas (trop) se faire manipuler. Autodéfense oblige…
L’importance des mots
Notre esprit n’est pas capable de penser des concepts qu’il ne saurait pas nommer. Il est donc très important d’utiliser des mots rendus tabous par la bien-pensance, tels que « aliénation », « émancipation », ou encore « révolution ». Si nous voulons avancer dans ces directions bien-sûr !