Manipulation / Éducation / Information / Consultation / Implication / Partenariat / Délégation de pouvoir / Contrôle des citoyen-nes :
La sociologue américaine Sherry R. Arnstein a défini en 1971 (dans son ouvrage A ladder of citizen participation) 8 niveaux qui vont de la non-participation au partage total du pouvoir.
Cette grille peut nous être utile pour identifier et clarifier, pour nous et pour les autres, à quel niveau nous nous situons : chaque niveau (sauf le premier) est légitime, mais il est courant de ne pas être clair-es et honnêtes sur le niveau dans lequel on se trouve, et de qualifier de « démocratie participative » ce qui n’en est pas, entrant alors de fait, volontairement ou non, dans de la démagogie…
+ en fin d’article : Adaptation de cette échelle à la participation des enfants dans les projets, par Roger Hart
1 : Manipulation
2 : Éducation
Ces deux niveaux supposent un public passif à qui on fournit des informations pouvant être partiales ou partielles
3 : Information
Le public est informé sur ce qui va se produire, sur ce qui est en train de se produire, et sur ce qui s’est déjà produit
4 : Consultation
Le public a la parole, mais n’a aucun pouvoir dans la prise en compte de leur point de vue
5 : Implication
Les opinions du public ont quelques influences mais ce sont encore les détenteurs du pouvoir qui prennent les décisions
6 : Partenariat
Le public peut commencer à négocier avec les décideurs, incluant un accord sur les rôles, les responsabilités et les niveaux de contrôle
7 : Délégation de pouvoirs
Délégation partielle de pouvoirs
8 : Contrôle des citoyen-nes
Délégation totale dans la prise de décision et de l’action
Les premiers niveaux correspondent à la manipulation et décrivent le niveau de « non participation », que certains confondent avec la vraie participation.
Les niveaux 3 et 4 permettent à ceux qui n’ont pas le pouvoir d’avoir accès à l’information et de se faire entendre. Mais leurs avis ne seront pris en compte par ceux qui ont le pouvoir.
Le niveau 5 permet aux citoyen-nes de donner leur avis, mais le droit de décider reste entre les mains de ceux qui ont le pouvoir.
Les 3 derniers niveaux correspondant au pouvoir des citoyen-nes. Ils indiquent des degrés d’influence croissante sur la prise de décision. Les citoyen-nes peuvent nouer des partenariats qui leur permettent de négocier et d’engager des échanges avec les détenteurs du pouvoir.
L’échelle de participation de Roger Hart
Article publié dans la revue les enfants d’abord, UNICEF, avril-Juin 1992.
Les huit niveaux de la participation des enfants dans les projets :
Le diagramme de l’échelle de participation est un élément de départ qui permet de réfléchir sur la participation des enfants aux divers projets. La métaphore de l’échelle est empruntée à un article consacré à la participation des adultes, à laquelle de nouvelles catégories ont été ajoutées.
1 : Manipulation
Cette notion décrit les situations où les enfants ne comprennent pas les problèmes qui se posent mais sont entraînés à participer à un projet par les adultes. On peut citer en exemple le cas d’enfants d’âge préscolaire qui portent des affiches politiques décrivant l’importance des politiques sociales pour les enfants.
2 : Décoration
Cette notion s’applique aux occasions fréquentes où on donne aux enfants des T-shirts à l’occasion d’une manifestation en faveur d’une cause quelconque ; les enfants chantent et dansent mais n’ont qu’une idée très vague de ce qui se passe et ne participent pas à l’organisation de la manifestation. Les adultes ne prétendent pas que les enfants sont à l’origine du mouvement, ils les utilisent simplement pour soutenir leur cause de façon relativement indirecte.
3 : Politique de pure forme
Cette notion décrit les situations où les enfants ont apparemment la parole, mais n’ont en fait pas vraiment pu choisir le sujet du débat ou le mode de communication et où ils n’ont qu’une possibilité limitée, lorsqu’elle existe, d’exprimer leurs opinions. Cette notion pourrait s’appliquer aux situations où des enfants intelligents et charmants sont sélectionnés par des adultes pour participer à un jury, sans avoir été au préalable suffisamment informés sur le thème du débat et sans avoir pu s’entretenir avec les autres enfants qu’ils sont censés représenter.
4 : Désignés mais informés
À ce niveau, les enfants comprennent les objectifs du projet auxquels ils participent. Ils savent qui décide de leur participation et pourquoi. Ils jouent un rôle véritable (et non pas décoratif). Ils se portent volontaires pour participer au projet, après explication de leur rôle. Les enfants qui ont été pages à New York lors du sommet mondial des enfants sont un exemple de ce type de participation.
5 : Consultés mais informés
Le projet est conçu et dirigé par des adultes, mas les enfants en comprennent le processus et leurs opinions sont prises au sérieux.
6 : Projet initié par des adultes, décisions prises en consultation avec les enfants
Comme le titre l’indique, le projet est initié par des adultes, mais les décisions sont prises en consultation avec les jeunes. Bien que la plupart des projets communautaires soient destinés à être partagés par tous, ils devraient cependant, tout en s’adressant à l’ensemble de la population, accorder une attention particulière aux jeunes, aux personnes âgées et à ceux qui sont susceptibles d’être exclus en raison de leurs besoins particuliers ou d’un handicap.
7 : Projet initié et dirigé par des enfants
Nous avons tous des dizaines d’exemples où les enfants conçoivent et exécutent des projets complexes lors de leurs jeux. Il est cependant plus difficile de trouver des exemples de projets communautaires initiés par des enfants. Il semble que les adultes ne savent pas donner suite aux initiatives prises par des jeunes.
8 : Projet initié par des enfants, décisions prises en accord avec les adultes
Les projets de ce genre, qui se situent tout en haut de l’échelle, sont malheureusement trop rares. À mon avis, c’est parce que les adultes ne sont pas intéressés et ne comprennent pas les intérêts particuliers des jeunes. Nous avons besoin de personnes qui comprennent les indicateurs subtils d’énergie et de compassion des adolescents.
9 : Mobilisation sociale
Il n’est pas impossible que, pour certains grands projets de mobilisation, les enfants, bien qu’ils ne soient pas à l’origine du projet, en soient quand même bien informés, qu’ils se sentent réellement concernés par le problème et qu’ils aient même un point de vue critique sur la cause défendue. Certaines activités pourraient par conséquent se retrouver tout en haut de l’échelle de participation et être classées sous la rubrique « désignés mais informés ».