Comment la confiance entre les individus est une condition sine qua non pour qu’une véritable solidarité puisse se tisser entre eux.
» Un organisme social quelconque, petit ou grand, est ce qu’il est, parce que chaque membre accomplit son devoir avec la conviction que les autres en font autant. Partout où un résultat cherché est obtenu par la coopération de plusieurs personnes indépendantes, l’existence positive de ce résultat est la simple conséquence de la confiance mutuelle préalable des parties intéressées. Un gouvernement, une armée, une organisation commerciale, un collège, une société athlétique n’existent qu’à cette condition, faute de laquelle non seulement on ne saurait rien accomplir, mais encore rien tenter.
Un train entier de voyageurs, d’une bravoure individuelle moyenne, se laissera piller par un petit nombre de bandits, simplement parce que ces derniers peuvent compter les uns sur les autres, tandis que chaque voyageur considère la moindre résistance comme le signal d’une mort certaine qu’aucun secours ne saurait prévenir ; si chaque voyageur pouvait seulement croire que tout le wagon réagirait en même temps que lui, il résisterait individuellement, et le pillage serait impossible. »
William James, « La volonté de croire »
Les empêcheurs de tourner en rond, 2005, 319p
Cité par Manu Bodinier, dans son article « De quoi le « pouvoir d’agir » est-il le nom ? », 2013