« Connaissez-vous la chanteuse sorcière
Celle qui fit fondre un cœur de fer ?
Celle qui transforma son tortionnaire
Le grand inquisiteur qui lui ouvrit son cœur
On pouvait la trouver
Dans la forêt les nuits de lune pleine
Où elle donnait des incroyables fêtes
Et toute nue elle chante
Et quand ça commence, ça commence
Toute la forêt se met à parler
Née en transe de par sa mère
La sorcière savait comment s’élever
Comment prier, comment soigner,
Empoisonner, comment chanter
Et comment danser
Il arrivait dans la région, l’inquisiteur
C’était un homme passionné, l’inquisiteur
Il voulait sauver l’humanité, pauvres pécheurs
De l’éternelle damnation, alors attention
Ils sont venus la prendre la nuit
Ils l’ont trainée par la chevelure
Jusqu’à la chambre de torture
Ah son premier cri éveilla son oreille
Et la sorcière se mit à agir
Elle le fit, elle s’ensorcelle
Et se mit à chanter, la supliciée
Elle était belle et d’une blancheur laiteuse
On voyait qu’elle aimait être amoureuse
Et sa longue chevelure
Faisait comme une couverture
A peine un voile, maintenant sale
– Ah! Tu m’assasines
– Sauve ton âme
– Ah mais tu commets un crime
– Pauvre femme
– Par ma voix chante la beauté
– Tu est endiablée, par ta bouche
C’est le diable qui accouche
Et tu voudrais bien que je te touche
D’ailleurs tu fais tout pour me plaire
Et on peut dire que tu sais y faire
– Non ! C’est l’air qui vibre
Mais tu frissonnes
– Ah ! Comme tu es libre
Et comme tu es bonne !
Le grand inquisiteur sentit battre son cœur
Le grand inquisiteur sentit fondre son cœur »
Les Rita Mitsouko
La sorcière et l’inquisiteur
[Photo : Paris XIXè]
-61-
« Si j’avais le coeur dur comme de la pierre
J’embrasserais tous les garçons de la Terre
Mais moi j’ai le coeur comme du chewing gum
Tu me goûtes et je te colle
Une moustache, de la classe et du panache
Une peau de vache, taillé à la hache
Un petit cul, un gros, un chevelu
Un mal rasé, un maudit, un paumé
Irrésistiblement amoureuse c’est emmerdant
Un androgyne, un amant, un James Dean
Une belle bagnole, des poils sur les guiboles
Une arlésienne, des tonnes de « je t’aime »
Un beau salaud, le roi du rodéo
Irrésistiblement amoureuse c’est emmerdant
Rouler des pelles à tir larigot
Mon coeur d’artichaut me laisserait sur le carreau
Les garçons sont trop beaux
Les garçons sont trop beaux
Irrésistiblement amoureuse c’est emmerdant
Si j’avais le coeur dur comme de la pierre
J’embrasserais tous les garçons de la Terre
Mais moi j’ai le coeur comme du chewing gum
Tu me goûtes et je te colle »
Brigitte
Chewing gum
[Photo : Lisbonne]
-62-
« Pourquoi les gens qui s’aiment
Sont-ils toujours un peu les mêmes ?
Ils ont quand ils s’en viennent
Le même regard d’un seul désir pour deux
Ce sont des gens heureux
Pourquoi les gens qui s’aiment
Sont-ils toujours un peu les mêmes ?
Quand ils ont leurs problèmes
Ben y’a rien à dire
Y’a rien à faire pour eux
Ce sont des gens qui s’aiment
Et moi j’te connais à peine
Mais ce serait une veine
Qu’on s’en aille un peu comme eux
On pourrait se faire sans que ça gêne
De la place pour deux
Mais si ça ne vaut pas la peine
Que j’y revienne
Il faut me le dire au fond des yeux
Quel que soit le temps que ça prenne
Quel que soit l’enjeu
Je veux être un homme heureux
Pourquoi les gens qui s’aiment
Sont-ils toujours un peu rebelles ?
Ils ont un monde à eux
Que rien n’oblige à ressembler à ceux
Qu’on nous donne en modèle
Pourquoi les gens qui s’aiment
Sont-ils toujours un peu cruels ?
Quand ils vous parlent d’eux
Y’a quelque chose qui vous éloigne un peu
Ce sont des choses humaines
Et moi j’te connais à peine
Mais ce serait une veine
Qu’on s’en aille un peu comme eux
On pourrait se faire sans que ça gêne
De la place pour deux
Mais si ça ne vaut pas la peine
Que j’y revienne
Il faut me le dire au fond des yeux
Quel que soit le temps que ça prenne
Quel que soit l’enjeu
Je veux être un homme heureux »
William Sheller
Pourquoi les gens qui s’aiment
[Photo : Paris IIè]
-63-
« Si je m’arrête un instant
Pour te parler de ma vie
Juste comme ça tranquillement
Dans un bar, rue St-Denis
J’te raconterai les souvenirs
Bien gravés dans ma mémoire
De cette époque où vieillir
Était encore bien illusoire
Quand j’agaçais les p’tites filles
Pas loin des balançoires
Et que mon sac de billes
Devenait un vrai trésor
Et ces hivers enneigés
À construire des igloos
Et rentrer les pieds g’lés
Juste à temps pour Passe-Partout
Mais au bout du ch’min, dis-moi c’qui va rester
De la p’tite école et d’la cour de récré
Quand les avions en papier ne partent plus au vent
On se dit que l’bon temps passe finalement
Comme une étoile filante
Si je m’arrête un instant
Pour te parler de la vie
Je constate que, bien souvent
On choisit pas, mais on subit
Et que les rêves des ti-culs
S’évanouissent ou se refoulent
Dans cette réalité crue
Qui nous embarque dans le moule
La trentaine, la bedaine
Les morveux, l’hypothèque
Les bonheurs et les peines
Les bons coups et les échecs
Travailler, faire d’son mieux
N’arracher, s’en sortir
Et espérer être heureux
Un peu avant de mourir
Mais au bout du ch’min, dis-moi c’qui va rester
De notre p’tit passage dans ce monde effréné
Après avoir existé pour gagner du temps
On s’dira que l’on était finalement
Que des étoiles filantes
Si je m’arrête un instant
Pour te parler de la vie
Juste comme ça tranquillement
Pas loin du carré Saint-Louis
C’est qu’avec toi je suis bien
Et que j’ai pu’ l’goût de m’en faire
Parce que tsé, voir trop loin
C’pas mieux que r’garder en arrière
Malgré les vieilles amertumes
Et les amours qui passent
Les chums qu’on perd dans’ brume
Et les idéaux qui se cassent
La vie s’accroche et renaît
Comme les printemps reviennent
Dans une bouffée d’air frais
Qui apaise les cœurs en peine
Ça fait que si à’ soir t’as envie de rester
Avec moi, la nuit est douce, on peut marcher
Et même si on sait ben que tout’ dure rien qu’un temps
J’aimerais ça que tu sois pour un moment
Mon étoile filante »
Les cowboys fringants
Les étoiles filantes
[Photo : Chez M&P, Orne]
-64-
« Pour te dire « je t’aime »
Pour vivre à tes genoux
Te dire des poèmes
Oh, rien n’est trop fou
Mais moi je sais quand même
Shoobidoobidoowah
Que pour toujours je t’aime
Shoobidoobidoowah
Je t’adore malgré tous tes défauts
Je t’aime trop, t’aime trop, t’aime trop
Tu es dans mes rêves
Ton image est partout
Je ne suis plus le même
Car tu m’as rendu fou
Mais moi je sais quand même
Shoobidoobidoowah
Que pour toujours je t’aime
Shoobidoobidoowah
Je t’adore malgré tous tes défauts
Je t’aime trop, t’aime trop, t’aime trop
Si tu voulais m’entendre
Rien ne pourrait nous séparer
Tu serais douce et tendre
Et le temps ne pourrait rien changer
Pour t’avoir, que faire?
Pour t’avoir dans mes bras
Dis-moi ce qu’il faut faire
Car je suis fou de toi
Oui mais moi je sais quand même
Shoobidoobidoowah
Que pour toujours je t’aime
Shoobidoobidoowah
Je t’adore malgré tous tes défauts
Je t’aime trop, t’aime trop, t’aime trop
Dans mon cœur en fête
Chérie, on n’attend plus que toi
J’ai tant d’amour en tête
Que je ne peux pas garder ça pour moi
Tu m’as dit « je t’aime »
De joie, j’en deviens fou
Au diable les poèmes
J’ai trouvé mieux pour nous
Donne-moi tes lèvres
Shoobidoobidoowah
Tant pis si j’ai la fièvre
Shoobidoobidoowah
T’adorer ce n’est pas un défaut
Non, je t’aime trop, t’aime trop, t’aime trop »
Les chaussettes noires
Je t’aime trop
[Photo : Chicago]
-65-
« Nous qui sommes sans passé, les femmes
Nous qui n’avons pas d’histoire
Depuis la nuit des temps, les femmes
Nous sommes le continent noir.
Levons-nous femmes esclaves
Et brisons nos entraves
Debout, debout, debout !
Asservies, humiliées, les femmes
Achetées, vendues, violées
Dans toutes les maisons, les femmes
Hors du monde reléguées.
Seules dans notre malheur, les femmes
L’une de l’autre ignorée
Ils nous ont divisées, les femmes
Et de nos sœurs séparées.
Le temps de la colère, les femmes
Notre temps, est arrivé
Connaissons notre force, les femmes
Découvrons-nous des milliers !
Reconnaissons-nous, les femmes
Parlons-nous, regardons-nous,
Ensemble, on nous opprime, les femmes
Ensemble, Révoltons-nous !
Levons-nous femmes esclaves
Et jouissons sans entraves
Debout, debout, debout ! »
Hymne des femmes
[Photo : dans un magasin de comics, Washington]
-66-
« Sur une plage, il y avait une belle fille
Qui avait peur d’aller prendre son bain
Elle craignait de quitter sa cabine
Elle tremblait de montrer au voisin
Un, deux, trois, elle tremblait de montrer quoi
Son petit itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit bikini
Qu’elle mettait pour la première fois
Un itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit bikini
Un bikini rouge et jaune à p’tits pois
Un, deux, trois, voilà ce qui arriva
Elle ne songeait qu’à quitter sa cabine
Elle s’enroula dans son peignoir de bain
Car elle craignait de choquer ses voisines
Et même aussi de gêner ses voisins
Un, deux, trois, elle craignait de montrer quoi
Son petit itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit bikini
Qu’elle mettait pour la première fois
Un itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit bikini
Un bikini rouge et jaune à p’tits pois
Un, deux, trois, savez-vous c’qui arriva
Elle doit maintenant s’élancer hors de l’onde
Elle craint toujours les regards indiscrets
C’est le moment de faire voir à tout l’monde
Ce qui la trouble et qui la fait trembler
Un, deux, trois, elle a peur de montrer quoi
Son petit itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit bikini
Qu’elle mettait pour la première fois
Un itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit bikini
Un bikini rouge et jaune à petits pois
Si cette histoire vous amuse
On peut la recommencer
Si c’est pas drôle, je m’excuse
En tout cas c’est terminé »
Dalida
Itsi bitsi
[Photo : Palestine]
-67-
« Comme les rats dedans Paris
Par trahison on nous a pris
Le macadam et les pavés
De notre sang furent lavés
Lavés et tant lavés
Qu’ils en sont déjointés
Les gredins de capitulards
Ont mitraillé les Communards
Mais devant messieurs les Prussiens
Tremblant comme des petits chiens
Ils ont vendu leur peau
Leur pays, leur drapeau
REFRAIN
Dansons la Communarde
Et tenons bon, et tenons bon
Dansons la Communarde, non de non
Tous les Thiers tous les Mac-Mahon
Pour se laver de leur affront
Ont voulu prendre un bain de sang
Ils l’ont pris en nous égorgeant
Mais ils en ont tant pris
Qu’ils en sont avachis
Gredins sans cœur et sans remords
Ils ont partout vomi la mort
Et Mac-Mahon pour ses forfaits
Fut presqu’empereur des Français
Grand duc de Birili
Et roi de Satory
Mais avec eux ce n’est pas tout
Les bon bourgeois ont fait le coup
Comme en juin tous les premiers
Ils ont traqué les ouvriers
Et nous savons qu’alors
35000 en sont morts
Pour faire bien sans être longs
La mitrailleuse avait du bon
Qu’on en soit ou qu’on n’en soit pas
Ils les ont fusillé au tas
Pour eux un ouvrier
C’est qu’un bon à tuer
Tous les bagnes, tous les pontons
Tous les forts, toutes les prisons
Ont regorgé de malheureux
À moitié nus, le ventre creux
Pendant que leurs bourreaux
Mangeaient de bons morceaux
À Versailles, dans le chantier
Leurs soldats ont fait leur métier
À coups de sabres et de fusils
Ils ont assommé nos amis
Leurs soldats à présent
Ont une odeur de sang
On ne peut pas dire à Paris
Tous les crimes qu’ils ont commis
Il faudrait des mains de papier
Griffonner des mois entiers
Mais le jour se fera
Et l’histoire en dira
Avec les bourgeois aujourd’hui
Entre nous tout est bien fini
Quant aux gendarmes et aux roussins
Aux fusilleurs, aux assassins
Leur compte sera bon
Au jour du rigodon
Que voulons-nous ? La liberté
Et le bien de l’humanité
Pour nous venger des chenapans
Il nous faut faire des enfants
En faire des gaillards
Et de francs communards »
Jean-Baptiste Clément
La Communarde
[Photo : Chez X.]
-68-
« Que c’est bon d’être demoiselle
Car le soir dans mon petit lit
Quand l’étoile Vénus étincelle
Quand doucement tombe la nuit
Je me fais sucer la friandise
Je me fais caresser le gardon
Je me fais empeser la chemise
Je me fais picorer le bonbon
Je me fais frotter la péninsule
Je me fais béliner le joyau
Je me fais remplir le vestibule
Je me fais ramoner l’abricot
Je me fais farcir la mottelette
Je me fais couvrir le rigondonne
Je me fais gonfler la mouflette
Je me fais donner le picotin
Je me fais laminer l’écrevisse
Je me fais foyer le cœur fendu
Je me fais tailler la pelisse
Je me fais planter le mont velu
Je me fais briquer le casse-noisettes
Je me fais mamourer le bibelot
Je me fais sabrer la sucette
Je me fais reluire le berlingot
Je me fais gauler la mignardise
Je me fais rafraîchir le tison
Je me fais grossir la cerise
Je me fais nourrir le hérisson
Je me fais chevaucher la chosette
je me fais chatouiller le bijou
Je me fais bricoler la cliquette
Je me fais gâter le matou
Et vous me demanderez peut-être
Ce que je fais le jour durant
Oh! cela tient en peu de lettres
Le jour , je baise, tout simplement »
Colette Renard
Les nuits d’une demoiselle
[Photo : Sifnos]
-69-
« J’ai touché l’fond d’la piscine
Dans l’petit pull marine
Tout déchiré aux coudes
Qu’j’ai pas voulu recoudre
Que tu m’avais donné
J’me sens tellement abandonnée
Y a pas qu’au fond d’la piscine
Qu’mes yeux sont bleu marine
Tu les avais repérés
Sans qu’il y ait un regard
Et t’avais rappliqué
Maintenant je paie l’effet retard
Avant de toucher le fond
Je descends à reculons
Sans trop savoir c’qui s’passait
Dans le fond
C’est plein d’chlore au fond d’la piscine
J’ai bu la tasse tchin tchin
Comme c’est pour toi, j’m’en fous
J’suis vraiment prête à tout
T’avaler que m’importe
Si on me trouve à moitié morte
Noyée au fond d’la piscine
Personne ne te voyait
Sous mon petit pull marine
M’enlacer, j’t’embrassais
Jusqu’au point d’non retour
Plutôt limite de notre amour
Avant de toucher le fond
Je descends à reculons
Sans trop savoir c’qui s’passait
Dans le fond
Viens vite au fond d’la piscine
R’pêcher ta petite sardine
L’empêcher d’se noyer
Au fond d’toi la garder
Petite sœur traqueuse
De l’air, de ton air amoureuse
Si nous deux c’t’au fond dans la piscine
La deux des magazines
Se chargera d’not’ cas
Et je n’aurai plus qu’à
Mettre des verres fumés
Pour montrer tout c’que j’veux cacher
Retrouve-moi au fond d’la piscine
Avant qu’ça m’assassine
De continuer sans toi
Tu peux compter sur moi
J’te referai plus l’plan d’la star
Qui a toujours ses coups d’cafard
J’ai touché le fond d’la piscine
Dans ton petit pull marine »
Serge Gainsbourg, Isabelle Adjani
Pull marine
[Photo : Canal de l’Ourcq, 93]
-70-
« T’as peur des filles
Ah si seulement c’était des gars
Peur des filles
Elles préparent un sale coup ça s’voit
Peur des filles
Elles sont bien pires que ce qu’on croit
Peur des filles
T’as peur des filles
Elles se transforment une fois par mois
Peur des filles
Elles ont pas la même chose en bas
Peur des filles
Ça pourrait faire des dégâts
Peur des filles
Avec elles faut rien dire sans réfléchir
Faut toujours peser ses mots
Désobéir à tes désirs
Et t’adapter au tempo
Tu comprends pas tout
Tout est trop flou
Comme si t’avais bu la tasse
Noyé comme tous ces idiots
Les filles elles respirent sous l’eau
Elles sont bien pires
Que dans Shakespeare
Elles ont des dents sous la peau
Jouent les martyrs
Cachent un sourire
Un revolver dans le dos
Le grand méchant loup
Elles sont partout
Tu sens monter la menace
Tu dis ça, t’es pas macho
Mais c’est pas des gens comme il faut
T’as peur des filles… (Refrain)
Ça va pas leur suffire de les séduire
Leur offrir des coquelicots
Elles vont venir pour te punir
Tu sais bien qu’elles veulent ta peau
Pour toi ni mots doux, ni rendez-vous
Mais un coup d’genou bien en place
Tu imagines le fiasco
Si en plus elles sont costauds
T’as peur des filles… (Refrain) »
L’impératrice
Peur des filles
[Photo : Bordeaux]
-71-
« Poil dans la main payé à rien foutre
Regarder la poutre dans l’œil du voisin
Poil dans la main payé à rien foutre
Regarder la poutre dans l’œil du voisin
Qu’il est donc doux de rester sans rien faire
Tandis que tout s’agite autour de soi
Touche à tout sauf à la moustiquaire
Touche à tout juste bon à m’amadouer
Poil dans la main payé à rien foutre
Regarder la poutre dans l’œil du voisin
Un jour j’ai vu une chaise
Toute seule sur le trottoir
Une putain de belle chaise toute noire en fer
Avec des lanières de plastique tendues
Une vraie chaise de bar à putes
Une chaise à l’état brut
Qui avait dû en voir et en recevoir des culs
Des gros lourdingues à fessier mou
Des p’tits malingres resserrés du trou
Ou des jolis voluptueux qui vous attirent le bout des yeux
Pour mieux leur passer les menottes
Qu’il est donc doux de rester sans rien faire
Tandis que tout s’agite autour de soi
Poil dans la main payé à rien foutre
Regarder la poutre dans l’œil du voisin
Mais va savoir à c’moment-là
J’avais perdu le goût de m’asseoir
Et d’amarrer ma solitude
Mon cafard et mes habitudes
À celles des piliers d’abreuvoir
J’en ai eu marre de les voir s’écrouler sur eux-mêmes
En s’raccrochant à des histoires qui tiennent pas d’bout
Ces p’tites histoires qui vous entraînent
Au fil des heures des jours des soirs des s’maines
De soirs pisseux en matins blêmes
Direct au trou
Qu’il est donc doux de rester sans rien faire
Tandis que tout s’agite autour de soi
Touche à tout sauf à la moustiquaire
Touche à tout juste bon à m’amadouer »
Jacques Higelin
Poil dans la main
[Photo : Séville]
-72-
« On brûlera toutes les deux
En enfer mon ange
J’ai prévu nos adieux
À la terre mon ange
Et je veux partir avec toi
Je veux mourir dans tes bras
Que la mer nous mange le corps, ah,
Que le sel nous lave le cœur, ah,
Je t’aimerai encore (x4)
Je m’excuse auprès des dieux
De ma mère et ses louanges
Je sais toutes les prières
Tous les vœux
Pour que ça change
Mais je veux partir avec toi
Je veux mourir dans tes bras
Que la mer nous mange le corps, ah,
Que le sel nous lave le cœur, ah,
Je t’aimerai encore (x4)
On brûlera toutes les deux
En enfer mon ange
Tu peux écrire tes adieux
À la terre mon ange
Car je veux partir avec toi
Je veux mourir dans tes bras
Si la mer nous mange le corps, ah,
Si le sel nous pique le cœur, ah,
Je t’aimerai encore (x4) »
Pomme
On brûlera
[Photo : Chez M&P, Orne]
-73-
« Mais qu’est-ce, mais qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu ?
Les année passent, pourtant tout est toujours à sa place
Plus de bitume donc encore moins d’espace
Vital et nécessaire à l’équilibre de l’homme
Non personne n’est séquestré, mais s’est tout comme
C’est comme de nous dire que la France avance alors qu’elle pense
Par la répression stopper net la délinquance
S’il vous plaît, un peu de bon sens
Les coups ne régleront pas l’état d’urgence
A coup sûr…
Ce qui m’amène à me demander
Combien de temps tout ceci va encore durer
Ca fait déjà des années que tout aurait dû péter
Dommage que l’unité n’ait été de notre côté
Mais vous savez que ça va finir mal, tout ça
La guerre des mondes vous l’avez voulue, la voilà
Mais qu’est-ce, mais qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu ?
Mais qu’est-ce qu’on attend pour ne plus suivre les règles du jeu ?
Je n’ai fait que vivre bâillonné, en effet
Comme le veut la société, c’est un fait
Mais il est temps que cela cesse, fasse place à l’allégresse
Pour que notre jeunesse d’une main vengeresse
Brûle l’état policier en premier et
Envoie la république brûler au même bûcher,
Notre tour est venu, à nous de jeter les dés
Décider donc mentalement de s’équiper
Quoi t’es mirro, tu vois pas, tu fais semblant, tu ne m’entends pas
Je crois plutôt que tu ne t’accordes pas vraiment le choix
Beaucoup sont déjà dans ce cas
Voilà pourquoi cela finira dans le
désarroi
Désarroi déjà roi, le monde rural en est l’exemple
Désarroi déjà roi, vous subirez la même pente, l’agonie lente
C’est pourquoi j’en attente aux putains de politiques incompétentes
Ce qui a diminué la France
Donc l’heure n’est plus à l’indulgence
Mais aux faits, par le feu, ce qui à mes yeux semble être le mieux
Pour qu’on nous prenne un peu plus, un peu plus au sérieux
Dorénavant la rue ne pardonne plus
Nous n’avons rien à perdre, car nous n’avons jamais rien eu
A votre place je ne dormirais pas tranquille
La bourgeoisie peut trembler, les cailleras sont dans la ville
Pas pour faire la fête, qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu
Allons à l’Elysée, brûler les vieux
Et les vieilles, faut bien qu’un jour ils paient
Le psychopathe qui sommeil en moi se réveille
Où sont nos repères ?
Qui sont nos modèles ?
De toute une jeunesse, vous avez brûlé les ailes
Brisé les rêves, tari la sève de l’espérance
Oh ! quand j’y pense
Il est temps qu’on y pense, il est temps que la France
Daigne prendre conscience de toutes ces offenses
Fasse de ces hontes des leçons à bon compte
Mais quand bien même, la coupe est pleine
L’histoire l’enseigne, nos chances sont vaines
Alors arrêtons tout, plutôt que cela traîne
Ou ne draine même, encore plus de haine
Unissons-nous pour incinérer ce système »
NTM
Qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu
[Photo : Canal de l’Ourcq, 93]
-74-
« La rencontrant chez des amis
Je lui dis : Mademoiselle
Que faites-vous donc dans la vie
Eh bien répondit-elle
Je vends des pommes, des poires,
Et des scoubidoubi-ou ah…
Pommes ?… (pommes)
Poires ?… (poires)
Et des Scoubidoubi-ou Ah
Scoubidoubi-ou
On a dansé toute la nuit
Puis au jour, on est partis
Chez moi… discuter de l’amour
De l’amour… et des fruits…
Comme elle se trouvait bien, chez moi,
Aussitôt elle s’installa
Et le soir, en guise de dîner
Elle me faisait manger
Des pommes, des poires,
Et des scoubidoubi-ou ah…
Pommes ?… (pommes)
Poires ?… (poires)
Et des Scoubidoubi-ou Ah
Scoubidoubi-ou
Ça ne pouvait pas durer longtemps
Car les fruits, c’est comme l’amour
Faut en user modérément
Sinon… ça joue des tours
Quand je lui dis : Faut se quitter…
Aussitôt elle s’écria
Mon pauvre ami, des types comme toi
On en trouve par milliers…
des pommes, des poires,
Et des scoubidoubi-ou ah…
Pommes ?… (pommes)
Poires ?… (poires)
Et des Scoubidoubi-ou Ah
Scoubidoubi-ou
La leçon que j’en ai tirée
Est facile à deviner
Célibataire vaut mieux rester
Plutôt que de croquer
des pommes, des poires,
Et des scoubidoubi-ou ah…
Pommes ?… (pommes)
Poires ?… (poires)
Et des Scoubidoubi-ou Ah
Scoubidoubi-ou »
Sacha Distel
Scoubidou
[Photo : Palestine]
-75-
« Qu’est-ce qu’il fait, qu’est-ce qu’il a, qui c’est celui-là ?
Complètement toqué, ce mec-là, complètement gaga
Il a une drôle de tête ce type-là
Qu’est-ce qu’il fait, qu’est-ce qu’il a ?
Et puis sa bagnole les gars
Elle est drôlement bizarre les gars
ça s’passera pas comme ça.
Je ne suis pas un play boy, je ne paie pas de mine,
Avec ma grosse moustache et mon long nez de fouine
Mais je ne sais pas pourquoi quand je souris aux filles
Elles veulent toujours m’emmener coucher dans leur famille
Et leurs maris disent de moi…
Ce n’est pas ma faute à moi si les femmes mariées
Préfèrent sortir avec moi pour jouer à la poupée
Elles aiment mes cheveux blonds et mes yeux polissons
Mais je crois qu’ce qu’elles préfèrent c’est mon p’tit ventre rond
Et leurs maris disent de moi…
Si vous saviez comme c’est beau, d’être bien dans sa peau
Je bois mon pastis au bar avec le chef de gare
Je me gare n’importe où j’vous jure que j’suis heureux
Mais ça emmerde les gens quand on vit pas comme eux
Et les gens disent de moi…
Voyant que sur cette terre tout n’était que vice
Et que pour faire des affaires je manquais de malice
Je montai dans mon engin interplanétaire
Et je ne remis jamais les pieds sur la terre.
Et les hommes disent de moi…
Qu’est-ce qu’il fait, qu’est-ce qu’il a, qui c’est celui-là ?
Complètement toqué, ce mec-là, complètement gaga
Il a une drôle de tête ce type-là
Qu’est-ce qu’il fait, qu’est-ce qu’il a ?
Et puis sa bagnole les gars
Elle est drôlement bizarre les gars
ça s’passera pas comme ça.
Qu’est-ce qu’il fait, qu’est-ce qu’il a, qui c’est celui-là ?
Il a un drôle d’accent ce gars-là
L’a une drôle de voix
On va pas se laisser faire les gars
Qu’est-ce qu’il fait, qu’est-ce qu’il a
Non mais ça va pas, mon p’tit gars
On va l’mettre en prison ce type-là
S’il continue comme ça »
Pierre Vassiliu
Qui c’est celui-là
[Photo : Roquebrune]
-76-
« Que sera, sera
Demain n’est jamais certain
Laissons l’avenir venir
Que sera, sera
What will be, will be
Dans le berceau d’un vieux château
Une promesse vient d’arriver
Une princesse toute étonnée
A qui l’on aime chanter
On vit grandir et puis rêver
La jeune fille qui demandait
Dis-moi ma mie si j’aimerai
Et sa maman disait
Quand à l’amant de ses amours
La demoiselle lui demanda
M’es-tu fidèle jusqu’à toujours
Et le garçon chantait
Quand elle chanta à son enfant
Dans un sourire, cet air charmant
C’est pour lui dire que dans la vie
Rien n’est jamais fini
Que sera, sera
Demain n’est jamais certain
Laissons l’avenir venir
Que sera, sera
What will be, will be »
Jacqueline François
Que sera sera
[Photo : Parc de la Villette, Paris]
-77-
« Où sont tous mes amants, tous ceux qui m’aimaient tant
Jadis quand j’étais belle ? Adieu les infidèles
Ils sont je ne sais où, à d’autres rendez-vous
Moi mon cœur n’a pas vieilli pourtant, où sont tous mes amants
Dans la tristesse et la nuit qui revient
Je reste seule, isolée sans soutien
Sans nulle entrave, mais sans amour
Comme une épave mon cœur est lourd
Moi qui jadis ai connu le bonheur
Les soirs de fête et les adorateurs
Je suis esclave des souvenirs
Et cela me fait souffrir
Où sont tous mes amants, tous ceux qui m’aimaient tant
Jadis quand j’étais belle ? Adieu les infidèles
Ils sont je ne sais où, à d’autres rendez-vous
Moi mon cœur n’a pas vieilli pourtant, où sont tous mes amants
La nuit s’achève et quand vient le matin
La rosée pleure avec tous mes chagrins
Tous ceux que j’aime, qui m’ont aimée
Dans le jour blême, sont effacés
Je vois passer du brouillard sur mes yeux
Tous ces pantins que je vois, ce sont eux
Luttant quand même, suprême effort,
Je crois les étreindre encore
Où sont tous mes amants, tous ceux qui m’aimaient tant
Jadis quand j’étais belle ? Adieu les infidèles
Ils sont je ne sais où, à d’autres rendez-vous
Moi mon cœur n’a pas vieilli pourtant, où sont tous mes amants »
Fréhel
Où sont tous mes amants ?
[Photo : Plateau du Golan]
-78-
« Les enfants des chômeurs
Des sans-abris, des RMistes
Reçoivent le meilleur
De ce qui passe sur nos listes
Couverts de pied en cap
De vêtements des grandes marques
Fini le handicap
Et bien malin qui les remarque
Ca gêne beaucoup moins
Et quand ils se lavent les mains
Je vous jure, on s’y tromperait
On dirait des enfants, des vrais
REF : Ça n’se voit pas du tout (x4)
Ces gens dans le métro
Qui nous imposent leur musique
Ou ceux qui parlent trop
En recherchant le pathétique
Jamais vous ne croiriez
Qu’ils sont vraiment ce qu’ils prétendent
Ils sont bien habillés
Y en a qui sentent la lavande
Leur faire la charité
Moi, j’aurais peur de les vexer
Entre nous, et bien franchement
Ils sont pauvres ou ils font semblant ?
Mon épicier m’a dit
Qu’autrefois dans le voisinage
Il y avait des taudis
Qui déparaient le paysage
Il devait s’y passer
Les choses que l’on imagine
On ne pouvait laisser
Proliférer cette vermine
On les a remplacés
Par des immeubles policés
Ce qu’on a fait des habitants ?
Ils sont relogés depuis longtemps
Quand ma fille a fauté
J’ai failli la mettre à la porte
Mais j’étais révoltée
A la seule idée qu’elle avorte
Il y a des endroits
Où on peut arranger les choses
Et tout le monde croit
Qu’en ce moment elle se repose
Elle a eu son bébé
Il était bien un peu foncé
Mais tout de même assez mignon
Ça sera mieux pour l’adoption
Mon fils qui est très beau
Va bien se décider, j’espère
A reprendre le flambeau
De la famille et des affaires
Il n’a pas l’air pressé
De rechercher le mariage
J’ai beau lui présenter
Des jeunes filles de son âge
Il n’y a que des garçons
Qui viennent le voir à la maison
Mais s’il avait des goûts pervers
Je le saurais, je suis sa mère
Je suis sollicitée
Par les œuvres de la paroisse
Je suis trop occupée
Pour éprouver la moindre angoisse
Je me lève très tôt
Pour attraper la première messe
Puis dans les hôpitaux
Je vais secourir les détresses
Oui, j’aime mon prochain
Et je m’applique à faire le bien
Car j’ai un cœur très généreux
Mais j’ai l’impression, c’est curieux
Qu’ça n’se voit pas du tout (x4) »
Anne Sylvestre
Pas du tout
[Photo : New-York]
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« Juillet 1936
dans les casernes catalanes
La mort bute sur les milices
et le peuple compte ses armes
Dans les villages et les hameaux
les paysans groupent les terres
En un seul et riche morceau
et passe le vent libertaire
Je pense à vous vieux compagnons
dont la jeunesse est à la douane
et pardonnez si ma chanson
vous refait mal à votre Espagne
Mais j’ai besoin de vous apprendre
j’ai envie de vous ressembler
Je gueulerai pour qu’on entende
ce que vous m’avez enseigné
Donne-moi ta main camarade
Prête-moi ton cœur compagnon
Nous referons les barricades
Et la vie nous la gagnerons
A quelques heures de Barcelone
se sont groupés des menuisiers
Et sans patron tout refonctionne
on sourit dans les ateliers
Sur la place de la mairie
qu’on a changé en maternelle
Des femmes ont pris la blanchisserie
et sortent le linge au soleil
Donne-moi ta main camarade
Prête-moi ton cœur compagnon
Nous referons les barricades
Comme hier la Confédération
Tandis que quelques militaires
font leur métier de matadors
Des ouvriers, des ouvrières
détruisent une prison d’abord
Là-bas, c’est la mort qui s’avance
tandis qu’ici : Ah madame… c’est l’Anarchie
La liberté dans l’espérance
il ont osé la vivre aussi
Dame tu mano compañero
Y préstame tu corazón
Barricadas leventaremos
Como ayer la Confederación »
Serge Utgé-Royo
Juillet 1936 (Mal à votre Espagne)
[Photo : La cantine, Delémont, Suisse]
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