Un entretien avec Miguel Benasayag, philosophe, psychanalyste et ancien résistant guévariste
Publié sur le site de L’Obs, octobre 2014
Avec recul par rapport au drame de Sivens (la mort de Rémi Fraisse, Miguel Benasayag offre une analyse des nouvelles formes de contestation.
En voici quelques extraits choisis :
Différents mouvements très critiques par rapport à l’ordre -ou au désordre- mondial actuel, avec des projets comme celui de Notre-Dame-des-Landes. Cela évoque une sensation d’impuissance totale dans laquelle vivent nos contemporains.
Mon hypothèse est que les gens se sentent comme « une feuille dans la tempête ». D’un point de vue psychiatrique, face à ça, il y a soit le passage à l’acte, soit la dépression.
Dans un moment où on fait l’apologie du jeunisme, moi qui ai maintenant 60 ans, je n’ai jamais vu la jeunesse aussi maltraitée qu’aujourd’hui. L’horizon est tellement noir !
Le pouvoir ne permet plus qu’il y ait de légitimité d’une conflictualité. Il pousse à l’affrontement pour dire « Vous voyez, tout conflit finit mal ». Le problème est qu’une société sans une certaine tolérance vis-à-vis de la conflictualité ne se condamne pas à la pais et à l’harmonie, elle se condamne à l’affrontement.
Ce que je vois là, c’est vraiment une tristesse face à l’époque actuelle.
Pour eux, le pouvoir est en train de détruire le monde donc, leur violence serait un pet de fourmi à côté de celle du système. Les jeunes ne sont pas tous autistes, ils se rendent bien compte que le système a l’argent pour sauver les banques mais pas pour entretenir un minimum de conquêtes sociales.
Si vous aimez Miguel Benasayag…
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