Simon Cottin-Marx avait déjà publié une très éclairante et accessible Sociologie du monde associatif, co-coordonné une revue Mouvements sur le thème « Qui est le patron des associations ? », et une autre sur « L’organisation du travail, une question politique. Qui fait quoi, pour qui, comment et pourquoi ? », et publié un article sur « Limiter le gâchis humain dans les petites structures employeuses ».
Aujourd’hui, il publie « C’est pour la bonne cause ! Les désillusions du travail associatif ». C’est encore une fois un ouvrage qui nous éclaire sur les situations que nous rencontrons si souvent dans le milieu associatif (comme le faisait aussi le récent « Te plains pas, c’est pas l’usine. L’exploitation en milieu associatif »). Mais Simon Cottin-Marx va plus loin que faire des constats et nous en donner de précieuses clefs de compréhension : il nous propose différentes pistes concrètes dont nous inspirer dans nos pratiques, en se basant notamment sur des exemples réels.
Un livre à mettre en toutes les mains des salarié-es associatifs, mais aussi et tout aussi urgemment entre celles des militant-es et bénévoles qui occupent, bon gré ou mal gré, la fonction employeur dans leur association. Ceci afin de contribuer, on l’espère, à limiter le gâchis humain que produit si souvent le fait que ces questions soient si mal prises en compte dans les associations.
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Table des matières
Avant propos
Introduction
- Une place importante dans l’économie et un véritable monde du travail
- La promesse d’une économie et d’un travail « autrement »
- « L’entreprise associative » : entre logique économique et logique politique
- Les espérances des salarié-es associatifs
- Les entreprises associatives, lieux de conflits du travail
Chapitre 1 – Le salariat associatif : entre travail et engagement(s)
Travailler « pour une cause »
- Des salarié-es intrinsèquement motivés
- Les limites de la « théorie du don »
- Travailler dans le monde associatif, un « faux choix » professionnel ?
Travailler avec des bénévoles
- Le travail bénévole est historiquement présent dans les associations
- Travailler dans une association, c’est (souvent) travailler avec des bénévoles
Travailler pour des employeurs bénévoles
- Qui occupe la fonction employeur ?
- Une fonction employeur éclatée
- Être employeur bénévole, une responsabilité inattendue
- La difficile prise en charge de la fonction employeur :
– Méconnaissance des obligations de l’employeur
– Manque de temps pour occuper la fonction employeur - La fonction employeur : de lourdes tâches qui alimentent le découragement
- Des employeurs qui projettent leur expérience professionnelle sur leurs salarié-es
- Des employeurs qui projettent leur engagement sur l’organisation du travail
- Salarié ou militant ? La double casquette des membres d’une association d’éducation populaire (extraits d’entretien)
- Des employeurs face au déni de leurs responsabilités
Tous engagés, tous dans le même bateau : la posture salariale et syndicale déstabilisée par le registre d’engagement
- L’engagement associatif, un obstacle à l’engagement syndical
- Texte du Syndicat national du personnel des associations socioculturelles, de loisirs et d’éducation populaire (SNACLEP) affilié à la CFDT, 1972
- « Cette association, tu l’aimes ou tu la quittes »
- « On est tous dans le même bateau » : mais qui est l’employeur ?
Chapitre 2 – Le monde du travail associatif sous l’influence de la puissance publique
La salarisation du monde associatif, résultat des recompositions de l’État-providence
- Quand l’État social apporte un massif soutien aux initiatives associatives
- Délégation de la mise en œuvre de l’action publique aux associations
- Les associations, variables d’ajustement des politiques de l’emploi
Le monde du travail associatif : une « quatrième fonction publique » précarisée
- Des salaires plus faibles que dans le public ou le privé lucratif
- Des conditions de travail dépendantes des secteurs professionnels
- Le monde associatif, une action publique à moindre coût
- Le service civique : engagement ou main-d’œuvre à bon marché ?
Marchandisation des rapports entre pouvoirs publics et associations
- Quand les ressources « privées » sont publiques
- Passage d’une logique de subvention à une logique de commande publique
- Les conséquences de la marchandisation sur les projets associatifs
- Une marchandisation qui réduit l’autonomie politique du monde associatif. L’exemple de la Cimade
- Quand les pouvoirs publics veulent mettre au pas des associations prestataires : l’exemple du Genepi et de l’OIP
- Les conséquences de la marchandisation sur le travail
- Exemple des directeurs-rices des centres sociaux face à la bureaucratisation
- Que faire ?
Chapitre 3 – La double besogne du monde du travail associatif
Agir face aux pouvoirs publics « patrons »
- Obtenir des moyens suffisants
- Refuser la mise en concurrence et les sous-emplois
Penser le travail, penser la démocratie dans les associations
- Mettre en commun le dialogue social pour limiter le gâchis humain dans les petites structures employeuses : l’exemple de la Confédération paysanne
– Les relations de travail spécifiques au sein des petites structures employeuses et militantes
– Des relations de travail affinitaires et marquées par le militantisme
– La commission paritaire : une instance de régulation et de médiation commune à plusieurs petites structures employeuses
– Le fonctionnement de la commission paritaire
– Co-construire les bases de la relation employeur-ses / salarié(es
– Une instance de médiation pour les conflits du travail
– Les limites de la commission paritaire - Penser le travail dans les entreprises associatives
Conclusion
- Les associations, des entreprises pas comme les autres
- Libérer et démocratiser le travail : la double besogne du monde du travail associatif