Travailler sans patron

Autogestion, coopératives : travailler ensemble sans patron

En avril 2024 a été publié Travailler sans patron, un livre de Simon Cottin-Marx (sociologue, auteur notamment de C’est pour la bonne cause ! Les désillusions du travail associatif) et Baptiste Mylondo (économiste qui travaille sur la décroissance et le revenu universel)  extrêmement bien documenté et très facile à lire, d’autant que le livre est sorti directement en édition Poche.

Nourri d’une part de très nombreuses illustrations issues d’expériences concrètes, et d’autre part de riches contenus théoriques, ce livre donne de nombreuses clefs pour penser la complexité de l’ambition et des pratiques d’autogestion. Sans évidemment donner de recettes ou de solutions qui seraient applicables clef en main, il donne matière à penser et matière à agir. S’il parle beaucoup d' »économie sociale et solidaire » (ESS), c’est parce que c’est sous cette étiquette que beaucoup d’expérience d’autogestion se sont développées. Cependant, bien au-delà de ce secteur dont l’étiquette ne garantit nullement la vertu, ce livre développe une critique et présente des pistes qui intéresseront toustes celleux qui cherchent à fonctionner ensemble sans patron. Il peut être un excellent outil pour penser ensemble, et pour se poser les questions très pratiques qui se posent toujours quand on poursuit une telle ambition.

La transformation de la société nécessite l’abolition du capitalisme qui n’a pour boussole que l’augmentation des profits et qui pour cela exploite les travailleureuses et les ressources naturelles. Notre lutte pour l’émancipation et la transformation sociale passe nécessairement par le développement de nos capacité à faire ensemble.

Bonne lecture, et vive l’autogestion !

Contenus du livre

Je reprends ci-dessous le sommaire du livre, avec un commentaire personnel par partie (en italique).

Introduction

Partie 1- L’économie sociale et solidaire introuvable

Cette partie reprend l’histoire de l’idée d’autogestion qui s’est développée en réaction au capitalisme depuis le XIXème siècle. Elle explique comment une idée politique s’est institutionnalisée et a été instrumentalisée. Elle revient sur les idées politiques à la base des pratiques d’autogestion, et met en évidence les contradictions entre ces idées et pratiques d’une part, et l’époque actuelle, capitaliste et néolibérale, d’autre part.

Chap 1- Brève histoire d’une idée politique

  • Une économie de résistance au capitalisme libéral
  • Institutionnalisation, banalisation et instrumentalisation
  • L’ESS, combien de divisions ?

Chap 2- Les mythes de l’économie sociale et solidaire

  • La démocratie comme simulacre
  • Une forme dominée de l’économie dominante
  • La réconciliation du travail et du capital

Chap 3- L’utopie face à la réalité des pratiques

  • L’impossible coopération à l’heure de l’économie néolibérale ?
    …Et face à la puissance publique
  • Les problèmes internes auxquels se heurtent les associations employeuses
    La loi d’airain de l’oligarchie
    La dégénérescence des organisations démocratiques
  • Un cas d’école : la lente dégénérescence de l’AOIP
    Résister à la dégénérescence : s’organiser et coopérer

Partie 2- Une économie démocratique

Après cette Partie 1 qui constitue la base de l’ensemble du livre, les Parties 2, 3 et 4 développent chacune un aspect de l’ambition d’autogestion. La Partie 2, centrée sur l’ambition d’une économie démocratique, aborde la question du pouvoir et des prises de décisions.

Chap 4- Conjurer l’émergence d’un pouvoir centralisé et hiérarchique

  • La tyrannie de l’absence de structure
    Domination légale ou domination charismatique
    La Montagne Vivra
  • La saisonnalité du pouvoir
  • Des chefs sans pouvoir
    La domination renversée
    Quand l’ESS dissout les chefs
    Quand l’extérieur veut malgré tout des chefs

Chap 5- Le périmètre de la démocratie

  • À chaque structure ses citoyens
    Les associations aux mains de leurs adhérent-es
    Les SCOP aux mains des salariés-associés
    Des SCIC pour associer toutes les parties prenantes
  • Une place pour chacun, chacun à sa place
    Associer les parties prenantes
    Le quadrilatère coopératif

Chap 6- Décider tous ensemble : une question de taille ?

  • Une bataille de chiffres : une dizaine, une centaine, ou des milliers de membres ?
  • L’important, c’est de se donner les moyens de grandir
  • Le plus grand groupe coopératif du monde : la Mondragon Corporacion Cooperativa (MCC)

Chap 7- Organiser et cultiver la démocratie

  • La démocratie, c’est technique
    La sociocratie
    L’holacratie
    La sollicitation d’avis
  • Accueillir et former à la démocratie
    Apprendre à coopérer
    Animer la vie démocratique

Partie 3- Une économie juste

Dans cette Partie 3, les auteurs posent la question de l’argent, notamment quand il y a du salariat, ce qui amène à penser la viabilité et de l' »efficacité ».

Chap 8- Une économie non lucrative… Mais rémunératrice ?

  • Moins d’argent pour les actionnaires, plus d’argent pour les salaires ?
  • Le travail associatif, entre bénévoles, salariés et salariés-bénévoles
    Quand les salariés sont (un peu) bénévoles
    Travailler avec et pour des bénévoles
    Quand les bénévoles deviennent salariés
  • La question salariale dans les coopératives
    Une volonté de réduire les écarts
    Des bas salaires un peu plus hauts, des hauts salaires nettement plus bas

Chapitre 9- La question salariale dans les structures autogérées

  • Le choix de l’égalité salariale
  • Accepter des inégalités « juste » ?
  • Définir soi-même son salaire ?

Chap 10- Le problème de l’efficacité

  • Des salaires peu satisfaisants
  • Les structures autogérées sont-elles moins efficaces ?
  • Quelle efficacité, pour quelle rétribution ?
  • Revisiter la définition du travail pour dissoudre le salariat

Partie 4- Travailler autrement

Dans cette dernière partie, les auteurs posent la question du travail et de l’organisation collective du travail, notamment une ambition qui serait celle d’un travail « désaliéné ». Cela les amène à explorer les antagonismes qui existent dans les relations de travail, et ce que cela entraîne en particulier encore une fois quand il existe du salariat au sein de la structure. Cette partie est également l’occasion de parler des conflits qui surgissent nécessairement dans les collectifs.

Chap 11- Des relations de travail sans antagonismes ?

  • Trois spécificités de l’ESS
  • Assumer le rapport salarial
  • Se syndiquer

Chap 12- Travailler entre égaux : le choix de la polyvalence

  • Un travail commun entre semblables
  • La polyvalence à tout prix ?
    1/ Inadaptation
    2/ Insatisfaction
    3/ Inefficacité
  • Trouver le bon équilibre
    Partager les tâches pénibles
    La spécialisation comme exception
    Pas de chasse gardée
    Bien se coordonner

Chap 13- S’employer mutuellement

  • L’entrée du personnel
    Un recrutement collégial pour une responsabilité collective
    Comment choisir son futur collègue, associé et employeur ?
    Intégrer et former les nouveaux
    Prendre soin de soi, des autres, et du collectif
    Construire une culture « anti-heures sup’ »
    Repenser l’entretien individuel d’évaluation
    Accompagner les salariés tout au long de l’année
    Créer des temps propices aux discussions
  • Gérer les tensions sans chef
    Défini méthodes et instances de règlement des différends
    Ne pas personnaliser les conflits
  • Savoir se séparer

Conclusion

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